Quand Frédérique Roustant chante la Provence et l’histoire d’une fillette nommée Lise Barrow… un article vibrant qui me donne des frissons et me replonge dans mes racines méditerranéennes.
« Nous sommes en Provence, terre de tous les extrêmes et de tous les contrastes. Là où le soleil brille tellement fort, qu’il enivre les cigales dont le chant vous obsède sans interruption, heure après heure ; là où le mistral si puissant pénètre au plus profond de votre être et balaie sur son passage tout ce qui se met devant lui : ses rafales s’engouffrent dans le moindre interstice ; terre d’extrêmes dans ses passions et ses colères : tout est trop, on aime trop fort, on souffre sans limite.
Tout est exagération : la pétanque devient un combat, la sieste une nécessité, comme un moment de calme, où on met un instant entre parenthèses, au moment où le soleil vous envoûte. La Provence, c’est aussi un accent, celui de Pagnol, de Fernandel de Daudet et Mistral. A chaque coin de rue, les voix de Raimu et Fanny semblent vous accueillir ; cet accent si particulier, et pourtant reconnaissable, vous réconforte, vous séduit et vous imprègne. Mais la Provence, c’est surtout un parfum : celui de la lavande baignée par le soleil ; il vous ensorcelle, se tatoue sur votre peau, sans oublier cette odeur particulière de l’huile d’olive si pure et subtile.
C’est dans cet écrin que naît une petite fille nommée Lise.
Puis passe le temps et grandit l’enfant. La fillette s’épanouira peu à peu sans bruit, elle se modèlera dans la puissance du mistral, se construira avec la chaleur du soleil. Lise, petite fille du soleil et du mistral, bercée par le champ des cigales, va moduler son imagination au fil des livres qu’elle découvre, alors les mots, les héros la bouleversent, la transportent ; dans son cœur il n’y a aucun doute ces mots deviendront désormais son ruban de passion qu’elle déroulera jusqu’aux études de Lettres…
Puis, ivre d’histoire et de phrases, Lise éprouve le besoin de les transmettre d’abord en les enseignant, la jolie fille des cigales devient professeure… Cependant son ruban de passion se déroule au fil des ans, aiguisant en même temps sa curiosité. Une force irrésistible pousse la fille des cigales vers d’autres parfums, d’autres destins, jusqu’à la Réunion, endroit où là aussi, le soleil brille trop et vous envoûte. L’enfant devenue jeune femme, s’est imprégnée de ces nouveaux parfums des îles; refaire sa vie sous d’autres cieux, un autre soleil est pour Lise une évidence ; mais dans son cœur, elle n’a pas oublié son ruban de passion que sont les mots et les livres…
Transmettre les histoires apparaît alors une nécessité,
les mots deviennent des phrases, des histoires, des romans, sa plume s’enchaîne, son imagination s’emballe, elle accroche des cœurs jusqu’au bout des lèvres. Il n’y a plus de doute, Lise est devenue écrivain.Alors de la Provence à la Réunion,
suivons cette étoile, elle brillera longtemps. »
Frédérique Roustant, Le Boudoir littéraire
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Ah ! Que ce texte m’emporte vers mon passé et cette belle terre qui m’a vue naître !
Pour moi, la Provence c’est tout d’abord le ciel d’un bleu intense, pur, sans nuage. Ce sont les amandiers en fleurs au printemps, les cyprès en rangs serrés le long des routes, le parfum des pins dans la campagne alanguie et repue de soleil. C’est la fraîcheur bienvenue des matins d’été, avant que la chaleur ne devienne fournaise. L’hiver, c’est l’étreinte glacée du Mistral auquel j’offrais mon visage d’enfant, sur le chemin de l’école.
Je me revois encore guettant les premiers chants des cigales à l’arrivée des chauds étés : leurs accords stridulants m’emplissaient d’une joie inexplicable. Nous avions aussi chez nous quelques pieds de lavande sur lesquels bourdonnaient toujours une ou deux abeilles.
La Provence, ce sont les ruelles tortueuses, les petites places de village toujours fraîches et les fontaines riantes. C’est l’atmosphère unique des marchés où j’aimais déambuler : l’activité bruissante, les étals colorés, le parler haut, les odeurs typiques des olives ou du savon de Marseille.
Mais la Provence, ce sont surtout les collines à la roche blanche et pure qui tendent au-dessus de l’horizon leurs formes inimitables. C’est la silhouette des pins qui s’y découpent, sur fond de ciel limpide. Ah ! L’amour des collines de Pagnol, je le comprends si bien ! Il y a bien d’autres terres qui m’ont fait vibrer lors de mes pérégrinations, mais la Provence gardera toujours pour moi cette saveur particulière qui faisait battre mon cœur émerveillé d’enfant.
Merci, Frédérique Roustant, pour ce voyage enchanteur, ce retour aux sources de mon identité.
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